DENGUIN HIER
Construit dans la plaine du Gave, le village est traversé par la route départementale 817. Cet axe est placé parallèlement à un axe de circulation beaucoup plus ancien.
Une motte féodale, aujourd’hui détruite, aurait existé sur son territoire.
Par ailleurs, dans le grand camp de Denguin et Labastide, on a découvert une meule de pierre remontant à des temps très anciens. On le sait, la route préhistorique du sel empruntait les hauteurs et pour des raisons évidentes de salubrité et de défense, c’est là-haut que les premiers villages étaient établis.
Le territoire qu’occupe aujourd’hui la commune est en réalité celui de trois communautés au Moyen-Âge : Denguin, qui abrite le château, Estiron où s’élèvent l’église Saint-Pierre et l’abbaye laïque, puis Vignoles. On a longtemps parlé d’Estiron et Vignoles ou Denguin et Vignoles. Finalement, c’est le nom de Denguin seul qui a prévalu.
On comptait alors trois églises : Saint-Pierre, Saint-Laurent et Saint-Jacques de Puyet.
La commune de Denguin est citée, dans les archives, dès 1101, sous le nom de Danguinum. Du latin Dominus, seigneur : Dan et du germanique Wino (Guino).
Selon les dernières recherches, les toponymistes y voient le nom d’un personnage, certainement Guy (ou Guido) faisant peut-être référence à l’Evêque de Lescar, Guy de Lons, ou nom aristocratique connu au Moyen-Âge, associé à la particule nobiliaire « en », le tout lu « d’En-Guy », c’est à dire « chez le Seigneur Guy ».
En 1385, le recensement de Gaston Fébus fait état de 46 feux pour les 3 communautés, soit environ 150 habitants. En 1654, Denguin fut érigé en Baronnie vassale de la vicomté de Béarn comprenant également Aussevielle.
Au Moyen-Âge il y existe une église gothique ainsi qu’un château d’où était issu un Evêque de Lescar, Jean de Salettes.
Le nom de Vignoles (signifiant « petite vigne ») rappelle qu’il existait un vignoble sur les coteaux de Denguin et d’Aussevielle ; il fut réaménagé vers 1720-1740.
En juillet 1685, l’intendant Foucault, gouverneur de Pau, fut envoyé à Denguin par Louis XIV. Celui-ci se rendit tristement célèbre par ses dragonnades qui consistaient à loger de la troupe dans des familles protestantes afin de presser les conversions. Dans une lettre à Louvois, il se vante d’avoir ainsi obtenu 22000 “conversions” à la religion catholique.
Durant la révolution, une lettre de la municipalité datant du 12 germinal de l’an II relate l’exécution d’ordres reçus afin de saisir les biens de l’église.
Elle dit que le Maire et consorts enlevèrent tous les meubles, linges, vases sacrés et autres objets qui furent remis contre reçu au sieur Paradis, prêtre conventionnel de Pau.
Cette lettre adressée au Gouverneur de Pau, Monestier, déclare, en outre : «l’arrêté porte également de faire descendre les cloches de l’église : Nous nous sommes mis en règle pour une, et nous espérons que tu vas appointer notre demande pour l’autre. En effet, notre paroisse est des plus escarpée et s’il vient un feu comme cela se produit souvent, nous voilà dans l’impossibilité de l’éteindre ». Par lettre du 12 thermidor de L’an II, on réquisitionna du foin pour la troupe, mais également des charpentiers, des forgerons et des serruriers pour les envoyer sur le port de Bayonne.
Le 21 février 1836, le maire reçut une autre lettre de Lescar pour se plaindre qu’à Denguin on recelait des conscrits réfractaires et, en guise de pénalité, on plaça deux soldats chez les conscrits Pierre Prat et chez Gourdy, au frais des familles.
De plus, on avait placé des « garnisaires soldats » (homme que l’on mettait en pension de garnison chez les contribuables en retard jusqu’à ce qu’ils se fussent acquittés envers le fisc) à l’auberge du village aux frais de tous les réfractaires et de tous ceux qui leur donnaient asile.